Documents biographiques

LE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT

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f° 68 Villette à Pontchartrain

Paris, 9 août

Correspondance, p. 1395-1396

Envoie M. de Surin. 2 projets : 1) la négociation avec Du Chastelier relancée par Vignoles : il ne faut pas que « l'absence de cetui-ci n'y fasse point de faute » 2) en cas d'échec, que Châtelier soit favorisé pour acheter seulement Maillezais. Au Doignon, Aubigné ne pourra durer à cause de la « haine du pays » ; la province financera le rasement.

« Monsieur, le gentilhomme qui vous présente cette lettre est Monsieur de Surin. Son arrivée ici m'a fait remarquer quelque malheur obstiné en l'affaire du Dognon, mais parce que j'ai accoutumé de servir sans désister pour aucune défaveur d'évènement et que j'ai toujours cru qu'on le doit faire ainsi en ce qui est du service du Roi principalement, j'ai pensé de tirer quelque fruit du voyage de Monsieur le Sieur de Surin ici, meilleur que le jugement que j'en ai fait d'abord. Et pour cet effet je lui donné cette adresse à vous, Monsieur qui pourrez convertir son dit voyage en bien le renvoyant ou laissant retourner en Poitou promptement à l'une des deux fins qui suivent ; la première et la plus avantageuse est que se trouve là à propos à ce que M. de Vignolles ayant remis sus le traité d'entre Monsieur d'Aubigné et du Chastellier, l'absence de cetui-ci n'y face point de faute, de celle-là je ne m'en suis nullement ouvert à lui, ains l'ai remis selon mon devoir à votre discrétion pour beaucoup de considérations. L'autre fin à laquelle vous le pourriez faire réussir est qu'en cas que lesdits Sieurs d'Aubigné et Du Chastellier ne pussent renouer leur marché vous favorisassiez cetui-ci en l'achat qu'il devra faire particulièrement du gouvernement de Maillezais, d'autant que l'affaire ne s'achevant point des deux places conjointement, il me semble que ce serait toujours beaucoup de dépouiller par ce moyen-ci et sans qu'il en coûtât rien au Roi Monsieur d'Aubigné de toute autorité et entretènement [entretien de la garnison] de Sa Majesté, le laissant reclure dans une maison privée et s'exclure de l'aveu des Églises et du nombre de leurs sûretés [des places de sûreté] comme il ferait en se réduisant au Dognon seul et vendant Maillezais. En cet état la haine du pays tant d'une que d'autre religion l'aurait bientôt réduit à votre merci et le combleraient au rasement, ce qui à la vérité serait moins utile que de mettre un catholique et bon serviteur du Roi dedans, mais plus utile aussi et plus sûr et plus à l'honneur de Sa Majesté que de laisser ledit Sieur d'Aubigné dedans comme il est, et cet expédient serait plausible à tout le monde ; au défaut de cetui-là vous n'avez plus que celui de trouver un huguenot qui achète le tout en son nom et qui soit assez bon François pour le garder ou raser ledit Dognon selon le commandement qu'il en aura ; pourvu qu'on veuille travailler au rasement, assurément la province y contribuera de plein gré autant que toutes les deux places auraient coûté ensemble. J'ai pensé pouvoir vous redire cela sans vous ennuyer. Au reste j'ai appris que ceux de La Rochelle ont écrit exprès à ceux de Béarn pour les dissuader de ne leur envoyer point l'assemblée, par des raisons prises à la vérité plus de leur intérêt que de leur devoir Mais ç'a été à ce qu'ils disent pour faire goûter ces raisons à leurs bourgeois et les y faire souscrire. Je vous fais ici une longue lettre pour être si près de vous que je suis. Mais le sujet qui m'arrête mérite dépense, et je ne suis qu'à une distance proportionnée pour l'honneur de vos commandements ou l'avis de les aller prendre, si par eux je vous puis témoigner comme mon sentiment répond à l'obligation d'être toute ma vie. »










                                     
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