Documents biographiques

LE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT

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f° 50-52 Pontchartrain à Montholon

12 juin 1618

« La lettre que Monsieur l'évêque de Poitiers, vous et Monsieur de La Vacherie m'avez ensemblement écrite a été vue par le roi et par ses principaux ministres et bien particulièrement considérée. Je commencerai par vous dire que Sa Majesté a eu très agréable et vous sait fort bon gré que vous l'ayez confidemment informée et avertie de l'état de cette affaire et de ce qui s'y passe et que vous en ayez usé ainsi que vous l'avez fait sans le su de Monsieur de La Rochefoucauld. Cela a donné sujet à Sa Majesté de bien penser cette affaire et après en avoir pris conseil de ses principaux secrétaires se porter à la résolution qu'elle a prise de faire différer l'exécution de ce dessein voire de se servir plutôt de la voie de la négociation qui a été commencée par Monsieur de Chastellier Barlot si faire se peut et pour ce faire d'y contribuer une partie de la récompense, ce qu'elle a fait savoir audit sieur de Chastellier et lui a commandé de s'en retourner pour essayer de mettre [.]. Cela déplaira à Monsieur le comte de La Rochefoucauld qui s'attendait par l'autre voie d'avoir la garde de la place, il doute [.] que cela le portasse à faire rompre sous [.] cet accord et essaie l'autre voie. Sa Majesté m'a commandé vous faire savoir que vous travaillez tous trois ensemble et chacun de vous séparément à faire trouver bon à M. le Comte de La Rochefoucauld ce changement d'avis lui répétant les raisons et considérations que Sa Majesté a eues de le faire. Premièrement sur la difficulté et incertitude que l'on voit en l'exécution et sur la forme.

[passage cancellé]

Tant à l'occasion de grandes circonstances il y faut observer du lieu, du temps et des personnes, la moindre desquelles manquant tout manquera. Que du grand nombre de personnes et de diverses qualités qu'il y faut employer et ce qu'il en faut découvrir parmi lesquelles il est bien malaisé que l'affaire ne soit découverte et par ce moyen rompue, et misant sur cela l'on a considéré que lorsque l'on a proposé l'exécution de ce dessein on le rendait très facile à Sa Majesté et lui faisait-on connaître que douze ou quatorze hommes seulement en pouvaient venir à bout. Maintenant l'on a avis qu'il en faudrait au moins soixante ou soixante-dix entre lesquels l'on parle de quelques gens de cheval qu'il faudrait pour soutiens à la campagne. Et puis après quelle apparence y aurait-il de toute cette expédition à la vue de monsieur de Rohan qui ne sera qu'à deux lieues de là sans lui en avoir communiqué ? Cela ne lui donnera-t-il pas sujet de juste plainte ayant le pouvoir qu'il a dans la province, et possible de se porter au secours et à l'assistance de cela que l'on veut attaquer. Mais quand bien la chose réussirait premièrement, il y a apparence que [f° 51] ce ne puisse être qu'avec la mort et la perte de quelques biens dont le dommage pourrait être tel que l'on voudrait n'y avoir jamais pensé. Outre cela nous voyons les défiances, soupçons et alarmes que prennent ou se donnent quasi en toutes les provinces du royaume ceux de la religion prétendue réformée et semble qu'ils se fâchent de n'avoir point de sujet de justes plaintes pour les faire éclater. Ils se servent pour cela de cet arrêt de Béarn auquel ils n'ont aucun juste fondement. L'on peut donc bien considérer comme quoi ils seraient résolus de se plaindre si l'on faisait exécuter ce dessein tant pour la considération de la place que de la personne qu'ils tiennent si chère. Ils ne manqueraient pas de crier persécution encore que au fond cela se fît avec forme de justice. Il se rencontre en même temps tant d'autres affaires sur les bras de Sa Majesté que ceux qui cherchent brouillerie seraient bien aise d'y ajouter ce prétexte de plainte pour porter les esprits à de grandes confusions. Toutes ces considérations et plusieurs autres qui seraient longues à déduire ont été mises en avant lorsqu'on a délibéré sur cette affaire. J'ai encommencé de vous les répéter afin que vous vous en puissiez servir et avec autres raisons que de vous-même vous y puissiez ajouter, pour disposer et persuader monsieur le comte de La Rochefoucauld à se porter en cette affaire selon l'instruction de Sa Majesté et ne rien entreprendre et tenter par voie de fait et par la force si ce n'est que toutes voies de négociation et de traité manquât, car en ce cas l'on reviendrait à la première résolution. Sa Majesté ne doute aucunement de l'entière affection de monsieur le comte, mais l'on doute que le déplaisir qu'il aura de se voir frustré de l'espérance qu'il avait conçue d'avoir en sa garde cette place ne le porte à s'y conduire autrement qu'elle ne lui commande. C'est sur quoi elle désire que vous l'entreteniez pour le disposer à cela. Je dois ajouter que je vois Sa Majesté résolue de [...] que l'affaire réussisse par négociation et que si ce faisant ledit comte ne puisse avoir la garde de la place, il lui en fera trouver quelque autre ou la récompense de ce manquement en quelque autre occasion qui ne lui sera pas moins avantageuse, et dirai encore que l'on ne délaissera pas de tenir à celui qui [...]. J'ai baillé une lettre à Monsieur de La Vacherie ce qu'on lui a fait espérer afin qu'il continue les efforts de sa bonne volonté. Voilà ce que j'ai commencé de vous faire savoir. Je vous ai dit que Sa Majesté a estimé ne devoir rien cacher de toutes ses résolutions aux seigneurs aud sr des Chatelliers auxquels il se confie. Il a promis que si son traité ne réussit, qu'il voie qu'il y a du manquement et de la mauvaise foi du côté du sieur d'Aubigné, d'assister autrement et absolument Monsieur le comte de La Rochefoucauld pour venir à bout du dessein qui avait été projeté et d'y servir de telle sorte qu'il fît épreuve qu'il en pourra réussir un bon succès, ayant promis d'y apporter de sa part le secret qui y est requis et lequel il faut toujours maintenir, afin que comme j'ai dit, si l'on n'en peut venir à bout par la douceur l'on essaie lors l'autre voie que l'on voulait tenter [...].

[f° 52 : en résumé, les deux lettres à La Rochefoucauld et à Montholon, reprenant les mêmes termes]











                                     
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