Documents biographiques

LE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT

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f° 226-227 Le Châtellier-Barlot à Pontchartrain

novembre

« Monsieur de Rohan est de retour dans le pays de mercredi dernier ; s'il a été en Angleterre comme c'est le bruit commun, l'ambassadeur nous en peut éclaircir par la première dépêche, si vous jugez que la conséquence de ce voyage mérite cette peine. Il passa en grande diligence à Saumur, à Loudun, à Saint-Maixent, pour joindre Saint-Jean le dit jour. Le dit seigneur et le sieur du Plessis de Mornay envoyèrent Villarnou à Thouars, apporter la nouvelle du retour dudit seigneur et leur secret. J'étais avec M. de La Trémoille lors, mais je ne sus pénétrer plus avant, où j'étais allé en suite de la lettre du roi pour remettre Surin, avec mon dit Sieur de La Trémoille, ce que je ne sus, seulement j'obtins que s'il pouvait trouver à se défaire de son gouvernement de Mauléon, qu'il l'avait pour agréable en sorte que le pauvre gentilhomme est en grand peine, car n'ayant pas le moyen de se garder sans achever de se ruiner il ne trouvera pas un homme qui lui en donne une pièce de six blancs, quoique la place soit assez bonne, et très facile à rendre meilleure, et de conséquence, quand ce ne serait que pour la recette qui se monte pour le roi, de tous deniers par an soixante mille écus, il ne laisse pour cela et persiste au bon désir de servir sa Majesté. J'oubliai à vous mander par ma dernière du il y a aujourd'hui onze jours, qu'on fortifiait à toute reste à Maillezais : je n'y ai point été depuis mon retour, pour ce que j'attendais toujours des lettres que je vous avais demandées, si vous l'aviez trouvé à propos, ne sachant par où commencer à parler au gouverneur de la dite place, attendu les offres qu'il m'avait données charge de vous faire, que je vous ai faites. Mais si maintenant vous jugez à prpos poru le service du roi de lui faire dire quelque chose, je crois qu'il aura toujours croyance de moi : commandez. Les quatre bateaux que je vous mandais que l'on y menait chargés d'armes portaient de quoi armer deux mille hommes de pied, dix milliers de poudres, quelques canons de fer, et quantité de balles et de mèches. C'est de cette île, où messieurs de la religion veulent faire leur gros, qu'ils font insensiblement voici comment : depuis huit jours en ça ils lèvent un à un, quatre à quatre, les meilleurs hommes qu'ils aient dans la province, les reçoivent de nuit dans leur châteaux, et les remplissent tant qu'ils peuvent, les font glisser audit Maillezais, continuellement vident leurs autres châteaux et continuellement les remplissent, de sorte qu'avant que le mars soit venu ils espèrent insensiblement, sans qu'on s'en aperçoive, être prêts de gens d'élite, d'aussi grosses troupes que ce que le Roi peut avoir en ce pays. J'estime qu'ils font de même en toutes les autres provinces, ils font faire à Maillezais, à Fontenay, cela est de ma fiance, je crois aussi qu'ils font ainsi partout ailleurs, la plus grande quantité de biscuits qu'il est possible. Ils ont deux finesses en ceci, l'une ils ne font faire leur biscuit que la nuit, si on le découvre, au pis aller on ne saurait juger, sinon que c'est pour les magasins ; [227] cela ne crie pas tant. L'autre, s'ils faisaient faire du pain à l'ordinaire, on jugerait au grand nombre de pains extraordinaire qu'ils auraient grand nombre d'étrange, cela les découvrirait, d'ailleurs le pain commun ne se garde pas longtemps bon, et le biscuit tant qu'on veut, tenu un peu sèchement. Bref, Monsieur, ils se préparent en toute diligence de toute leur puissance à sortir comme d'une nue, à l'instant, en état. Le Plessis de Mornay fortifie à Saumur aussi tant qu'il peut ; bref ils ne perdent pas de temps. Hier Loudriere et Bessay passèrent ici à ma porte, c'est de désembarquement retournant de l'assemblée de La Rochelle, où ils étaient depuis le vingt-cinqe du mois passé, jour de l'ouverture comme vous savez de ladite assemblée, quatre ou cinq heures après qu'ils y eurent passé, on me manda de La Rochelle que vendredi dernière Loudrière avait eu une querelle avec le maire, pour une lettre qui se découvrit que le dit Loudrière avait donnée à son échevin de la maison de ville, qu'ils avaient pensé s'étrangler, que néanmoins ils avaient été mis d'accord, que tout était bien pacifié, et que le dit Loudrière et le dit Bissay, s'avenaient pour s'assurer de gens. Je ne vous parle point encore des ministres mais qu'il m'ait fait voir quelque chose digne de sa foi, et de la mienne, je vous en parlerai aussitôt. Voilà les comportements de nos évangelistes, ou plutôt de nos oiseaux de nuit, puisqu'ils font tout leur fait la nuit. Je finis en vous suppliant si le Roi est contraint d'armer, que c'était son bon plaisir de me continuer en ma charge, au moins s'il ne la veut donner plus grande, et j'ose me promettre avec l'aide de Dieu que je lui ferai des troupes qui n'empireront en quoi que ce soit celles qui ont cet avantage d'être entretenues pourvu que l'on me donne loisir et lieu pour les faire. »










                                     
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