Documents biographiques

LE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT

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f° 15-16 Villette à Pontchartrain

Niort, 14 septembre 1616.

Edition : Schrenck, Albineana 5, p. 131-133. Correspondance 1350-1352.

« Monsieur, j'étais tout prêt de partir pour aller trouver Sa Majesté quand j'ai reçu la vôtre du 3e de septembre, sur laquelle j'ai cru devoir demeurer encore quelques jours dans cette province pour y servir selon le moyen que vous m'ordonnez. J'ai déja vu plusieurs des principaux de notre religion, tant des gouverneurs que des ministres avec lesquels j'ai conféré amplement sur les occurrences présentes. J'ai trouvé à la vérité quelques-uns distinguant bien l'intérêt des Églises et le service du roi des desseins et menées des grands, mais aussi quelques autres mal jugeant et sentant de l'emprisonnement de Monsieur le Prince. Et les plus gens de bien disent que l'on doit travailler à bien mettre en évidence et hors de tout doute les causes qui ont mu à cet effet, et que sans doute c'est un des principaux et meilleurs services que l'on puisse rendre au roi en cette occasion, en attendant qu'on le fasse obéir par la force selon le besoin que l'on en prévoit grand et de longue durée. Il y a quelques turbulents qui vont semant des bruits et malédictions affectées contre la foi publique, qu'ils disent avoir été rompue en ce fait, et par là tâchent à émouvoir et sans doute disposent plusieurs particuliers au soulèvement. Loudriere est de ceux-là, toutefois fort déçu en ses espérances, car il venait pensant faire un rendez-vous de mutins et de ligués de la ville de Fontenay pour se mettre aux champs après y avoir dressé un armement pour les princes. Mais il y a trouvé une autre opinion plus douce et toutefois plus forte que la sienne qui est celle de Chandolant à qui il me semble que très justement et à propos on commettrait à cette heure l'administration ou garde de cette place, laquelle éclaire sur tout le bas Poitou et rompt toutes les menées de cet autre susdit et de plusieurs qui y sont passionnés pour Monsieur de Bouillon. Monsieur d'Aubigné a déjà commencé à travailler aux fortifications de ses deux places de Dognon et de Maillezais et à prendre quelque tribut des bateaux qui vont de Niort à Marans, seulement en papier et promesse des marchands au cas qu'il soit contraint par ci après d'y imposer à bon escient. Il a aussi défendu aux receveurs des tailles de se saisir de l'argent, toutes ses actions me déplaisent grandement en lui, mais il s'excuse sur sa ruine infaillible par le non paiement de sa garnison, et d'ailleurs me fait espérer de ne prendre point le parti des princes ains d'attendre celui de sa religion pour servir le roi, s'il lui est possible en se tenant le plus paré qu'il pourra. J'ai fait ce que j'ai pu pour le réduire en une obéissance plus absolue, mais je n'ose le presser davantage de peur de lui faire faire pis, sollicité comme il est d'ailleurs. Car le marquis de Bonnivet a été si extravagant de lui envoyer de La Rochelle des commission en son nom pour lever gens de guerre et prendre procuration, lesquelles il a renvoyées. [en marge : Monsieur de Soubise est passé de Bretagne à Saint-Jean depuis deux jours. Il a couché à Maillezais. Il voit et oit tout, mais il ne fera que ce qui sera approuvé de Monsieur de Rohan. Je vous porterai bientôt ce que je saurai de plus]. Le peuple de La Rochelle s'emporte selon sa brutalité ordinaire à toute violence et à prendre l'affirmative pour Mr le P[rince][.] Loudrière a émeu cette populace par lettres et envoi de quelques discoureurs qui y ont voulu décrier les principaux de nos grands huguenots, desquels le roi se veut maintenant servir comme il vous plaît me le dire. Cela n'est qu'un vent qui passera sans diminuer la force ni la créance de telle personne que sans passion j'ai jugée de longue main être la plus propre et la plus fidèle à l'exécution des volontés du roi et de la reine de toutes celles de ce rang. Un des principaux inconvénients à redouter deçà est que Monsieur d'Epernon, comme il a commencé déjà à Tonnay-Charente, passe plus avant et mette nos gens en jalousie qui les face porter à des actions qui obligent enfin les uns et les autres aux armes ouvertement. Hors ce cas je ne vois point que le Poitou vous donne de peine de longtemps. Les fauteurs du parti du Prince y font proposer déjà la demande d'une assemblée générale, quelques-uns de ceux qui ont la meilleure intention pour Sa Majesté croient qu'elle ferait un bon effet octroiée, ou commandée même par le roi, à cette fin de leur donner à connaître en corps tant sa bonne intention envers eux que les justes causes de l'arrêt du Prince que les autres nomment perfidie et infraction de la foi publique. Je vous supplie Monsieur d'avoir quelque soin de mon particulier. Leurs Majestés ne sauraient jeter l'oil pour les servir sur personne qui y porte une âme plus entière, une affection plus ardente et une vigilance plus continuelle que moi qui suis outre cela votre .










                                     
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