Documents biographiques

LE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT

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f° 135 Villette à Pontchartrain

Mursay, 27 février

Correspondance, p. 1408-1409

« Je ne me mêlerai point de rien dire de Saintonge et d'Angoumois, me doutant bien que vous n'en soyez mieux averti par ailleurs et desdits lieux même. Seulement vous dirai-je de ces quartiers qu'ayant vu Monsieur de Montholon à Poitiers et m'étant offert à tout ce qu'il eût pu exiger d'un homme comme moi pour le service de Sa Majesté suivant la créance qu'il vous plaisait m'en donner envers lui, il me fit entendre en quels termes était l'affaire du Dognon et comme il attendait à toute heure le sieur de La Vacherie qui était allé il y avait plusieurs jours sur le lieu pour en avancer la conclusion, et qu'il m'en tiendrait averti de ce qu'il y aurait fait chez moi, afin que si mon ministère était propre à la perfection de cette ouvre je donnasse mon coup. Depuis j'ai vu Monsieur d'Aubigné au jour de sa naissance qu'il solennise le 18 du mois présent, que j'ai trouvé en saine et bonne et franche disposition de remettre, suivant le traité et les nouveaux expédients d'exécution et de sûreté consentis avec Monsieur de La Vacherie, sa place entre les mains du roi, à quoi je me ferai bien caution qu'il n'y aura nulle difficulté de sa part. Mais revenant de là par Niort j'ai trouvé que cet entremetteur avoir tellement divulgué, que ceux de la religion en étaient grandement marqués et aigris, disant : « A quoi l'effet des sûretés en ce pays, si au milieu d'icelles on nous pratique le danger ? combien avons-nous demandé que cette place fut rasée ? On l'a tolérée contre le respect de l'autorité du roi pour la faire enfin tourner contre [v°] nous. Il n'y a voie qu'on n'embrasse pour notre destruction et tout ce que nous faisons pour nous conserver, quelque respect que nous y apportions, est compté pour crime. Ce sont des effets de l'autorité de Père Arnoux qui veut chasser les huguenots pour introduire les Espagnols. Nous servons le roi et lui obéirons, mais non au conseil d'Espagne ! » Voilà en somme la substance des plaintes que l'on forme contre ce traité, sur quoi on en avise aux députés généraux, et à monsieur de Rohan et à moi. J'ai averti Monsieur de Montholon du péril que je voyais au retardement afin que s'il avait pouvoir suffisant il prévînt tout ce tourment par l'exécution. Les Rochelais porteront cela fort impatiemment. Toutefois le plus avantageux serait toujours que le roi eût cette pièce en ses mains, parce qu'il apaisera bien tout quand il lui plaira le faire raser et donner cela à l'importunité des suppliants, et retirerait bien ce qu'il aurait avancé pour ledit Dognon, voire pour récompenser Maillezais, encore de ce que le pays contribuerait à ce rasement. J'ajouterai encore, Monsieur, et sans aucune passion particulière, que j'ai trouvé dans cette province beaucoup plus de scandale que je n'en apprenais de loin, des pratiques de Saujon, Surimeau, Saint-Flour, Gautret et en autres, de tout ce conseil [du roi]. Certes cela est scandaleux, et plusieurs de ceux même qui sont le moins affectionnés au service de Sa Majesté rougissent de voir tels instruments employés. Par où il appert, à ce qu'on dit, que tout ce qui se présente pour servir contre ceux de la religion est bien reçu quel qu'il soit. Surimeau confesse tout haut qu'on l'a voulu faire catholique, qu'il l'a promis mais qu'il ne le saurait faire, se moque lui-même de la facilité qu'il a trouvé dans la cour, se vante d'avoir fait passer pour convertis deux ou trois hommes qu'il a présentés au Père Arnoux et à Monsieur Déageant pour tels, lesquels je connais et qui n'ont point en leur vie été au prêche, et portent ici des habits qu'ils disent par risée provenir de leur conversion. Au reste je vous puis assurer que tout ce beau conseil du roi n'a [136] échappé le saut des murailles de la ville où il s'était établi que par le mépris de ceux qui le réprouvaient et par la crainte qu'on a que leur condition n'amendât à la cour du mauvais traitement qu'on leur ferait deçà, de quoi j'ai cru vous devoir tenir averti quoique la chose soit de petite importance »

NB. « J'ajouterai ici Monsieur avec votre respect que le séjour de M. d'Epernon et son amas à Confolant a mis tous ces quartiers en alarme et jusque-là que l'on a donné pour assuré que la Reine Mère s'était fait accompagner de mondit Sieur d'Epernon et s'en était venue de Angoulême, cela cru de tous qui n'asseoient point de jugement sur les n[ouvelles ?] ains une crédulité trop facile. Je vois quantité de ceux de la Religion en telle crainte que le roi les persécute, que ce qui arrive contre son service et le respect de son autorité, ils le reçoivent comme une prolongation à leur vie ou délai de leur misère, c'est un effet de ces belles gens qui font mine de servir le roi et le desservent en effet par les soupçons qu'ils donnent, entre ceux-là Saint-Flour, reste de ce conseil de roi prétendu, est encore à Niort, qui endure des indignités de gens de peu et dit que la commission qu'il a de sa Majesté en ce pays lui fait souffrir ces choses et qu'il en porterait davantage avec patience pour ce respect. Je croirais manquer de ne vous avertir pas, même avec redite et importunité, du préjudice que font tels affronteurs au service de sa Majesté et à la dignité de ses commandements et des vôtres. Il y a quelques gens de ce pays mais non signalés qui sont allés trouver M. d'Epernon. »










                                     
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