Documents biographiques

LE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT

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f° 11 r°-v° Villette à Pontchartrain

Édition : Schrenck, Albineana 5, p. 128. Correspondance p. 1337.

« En suite de ce que je vous mandai il y a huit jours, j'ai cru vous devoir avertir que le marquis de Bonnivet a si bien avancé et mûri sa belle conversion par ses allées et venues de la Rochelle au Dognon qu'en fin aujourd'hui même, qui est mercredi 3e d'août, il fait publique profession de la Religion dans le grand temple de La Rochelle. On lui a dressé au Dognon une déclaration ou protestation contre son ancienne et pour sa nouvelle foi[1], pleine d'imposture pour aigrir les esprits du commun contre ce règne présent, tissues avec peu de vérités et moins de points de doctrine, laquelle il a envoyé néanmoinsen Angleterre au roi même, par lettre exprès choisi de la main de Monsieur d'Aubigné. Ce n'est pas sans quelque autre dessein, outre ce qu'il y a du spirituel, mais il n'y a guère à craindre de cette part-là, comme je crois, et la plus grande attente des brouillons gît en Monsieur de Vandôme qui leur donne quelque goût qu'il se fera aussi huguenot. J'ai voulu vous en avertir de bonne heure, afin que s'il se présente occasion par laquelle on lui pût retarder ou la volonté de le faire ou lui ôter en le faisant le moyen de donner échec à la royauté, il fût en votre main de faire ce bon coup à l'utilité publique et au service du roi. Car il est certain qu'il y a plus à craindre d'un coup de ces nouveaux réformés rassemblés avec quelques brouillons des anciens frères que de tout le reste des vieux huguenots, ceux-ci étant accoutumés et nourris à quelque ordre qui ne choque que parfois l'autorité royale, là où les autres changent exprès et se révoltent pour s'opposer et la heurter, pleins de désespoir ou de vanité qui sont les principaux docteurs qui les induisent à se convertir. J'espère que dorénavant Monsieur de Rohan servira puissamment à arrêter les mouvements de telles personnes. Il m'a fait l'honneur de m'écrire et de me mander comment il a satisfait aux dernières cérémonies de sa charge et comment vous l'y avez dignement assisté. Je le vois rempli de très bonne volonté, de quoi je me tiens heureux, ne croyant point avoir été du tout inutile à ce bon acheminement de ses actions. Je serai plus utile encor quand je pourrai mettre mes bonnes volontés en exécution et qu'il plaira à leurs Majestés m'en donner le moyen. Je vous supplie, Monsieur, de ne m'être point chiche de votre témoignage envers elles pour faire qu'elles ne laissent point sans emploi une si bonne intention que la mienne, laquelle sera toujours tellement conduite de votre respect et de vos commandements que vous tiendrez pour bien mis ce que vous aurez avancé pour moi. Peut-être se présentera il quelque occasion à ce retour de Monseigneur le prince à la Cour où entre les premières affaires tout plein de gens croient que l'on travaillera à faire quelque différence et distinction des pensionnaires du roi. Je vous supplie de ne me laisser point mettre du côté de la paille, mais plutôt du bon grain. Je suis de ceux qui doivent plutôt demander d'être augmentés que continués et cela aux dépens de ceux qui font mal en recevant le bien. Toutefois je ne veux penser de moi que ce que vous en jugerez pour demeurer dans les termes que vous estimerez justes à ma fortune et toujours dans ceux de l'obéissance que je vous dois, étant, Monsieur, votre . »



[1] Le document n'apparaîtra pourtant qu'en avril 1617.Jean-Raymond Fanlo, « Agrippa d'Aubigné 'convertisseur' : la Declaration du Marquis de Bonnivet », BHR, vol. 67, no 1, p. 93-102.










                                     
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